Phytophtora ramorum
Géographie: Supposée originaire d'Asie, on retrouve Phytophtora ramorum aux Etats-Unis (Californie, Oregon), au Canada et en Europe (Angleterre, Belgique, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Espagne, Italie, Norvège, Pologne, Slovénie, Suisse, France) principalement sur arbres d'ornements en pépinières mais aussi dans certains pays sur des arbres hors pépinières.
Ordre : Stramenopila, sous-classe des Oomycetes
Famille : Pythiaceae
Statut réglementaire : organisme de lutte obligatoire (sous certaines conditions).
Fiche technique
Plantes hôtes :
Principalement présente sur chêne, arbres d'ornement et conifères.
Seule l'attaque sur chêne peut être mortelle.
Il existe deux catégories d'hôtes :
- les hôtes avec des chancres au niveau de l'écorce (les chênes);
- les hôtes avec atteintes du feuillage sur lesquels Phytophtora ramorum se développe pour produire les spores qui serviront à infester les chênes ; la production de spores ne se faisant pas au niveau des chancres.
Morphologie :
(Décrite d'après des cultures sur milieux nutritifs.)
Les hyphes sont fortement ramifiés, dendritiques ; les chlamydospores (30-90 mm) produits au sommet des hyphes sont d'abord transparents puis se foncent.
Le sporangium est semi-papillaire, fait 30-90 mm et se détache.
Biologie :
Phytophtora ramorum se développe à des températures comprises entre 2°C et 26-30°C avec un optimum à environ 20°C et une forte humidité. Il se développe ainsi plus rapidement en automne qu'en été. Il est disséminé sur de courtes distances par la pluie, l'eau d'irrigation, le vent tandis que sur de longues distances sa dissémination se fait par le transport de matériel végétal contaminé et le transport par véhicules, engins, résidus sous les semelles, animaux, ... de terre contaminée.
Il existe deux populations distinctes de Phytophtora ramorum ; celle d'Amérique du Nord et celle d'Europe qui diffèrent au niveau de leur agressivité sur les arbres, l'européenne semblant plus agressive. Le pathogène existe sous deux formes : A1 et A2. Jusqu'à présent seul A1 était présent en Europe et A2 aux Etats-Unis mais dans chaque zone géographique des échantillons isolés de l'autre type ont été retrouvés récemment.
La réunion de ces deux types assure la reproduction « sexuée » avec formation de deux catégories de cellules spécialisées : l'anthéridium et l'oogonium qui donneront des oospores capables de résister longtemps aux conditions extrêmes. Lorsque les conditions deviennent favorables les oospores germent et donnent des sporangia. Toutefois cette reproduction sexuée n'a pas été observée du fait de la présence d'un seul type de Phytophtora ramorum.
Phytophtora ramorum se multiplie donc surtout de façon « asexuée ». Les sporangia peuvent germer directement et se multiplier ainsi ou bien ils produisent plusieurs sortes de spores qui vont être disséminés et redonner à nouveau des sporangia. La dissémination se fait par la pluie, l'eau ; le transport de terre contaminée (par les animaux, l'homme, ...) mais aussi de façon aérienne (Phytophtora ramorum se distingue des autres espèces de phytophthora par la dissémination aérienne des sporanges). Ils se retrouvent soit sur de nouveaux hôtes qu'ils contaminent soit dans le sol.
Symptômes et dégâts :
A) Sur l'écorce
Au niveau de l'écorce, la maladie se traduit par des chancres présentant des écoulements ou des sécrétions de sèves brunes ou noires.
Ces chancres apparaissent principalement dans la partie inférieure du tronc sans pour autant attaquer le système racinaire. Lorsqu'on enlève l'écorce extérieure, on observe des zones de nécrose des tissus de l'écorce interne avec des marges noires en périphérie de ces zones. Ces zones malades peuvent être colonisées par des insectes xylophages. Sur de jeunes arbres ou des arbres avec une écorce fine la délimitation entre les tissus sains et atteints est bien visible.
Lorsque les chancres ceinturent le tronc, l'arbre meurt rapidement avec un changement rapide de la couleur du feuillage.
B) Sur feuilles
Au niveau des feuilles, les symptômes sont des zones nécrosées le plus souvent à la base ou à la pointe des feuilles.
C) Quelques exemples de dégâts
Sur conifères on observe un flétrissement des aiguilles et un dessèchement des jeunes pousses.
Sur rhododendron, Phytophtora ramorum entraîne un flétrissement des pousses, rameaux et feuilles. Les rameaux touchés deviennent marron-noirs et la maladie peut s'étendre aux feuilles via les pétioles. Les feuilles se noircissent à leur base ou leur sommet ; la maladie pouvant s'étendre le long de la nervure centrale. On peut assister à un flétrissement des rameaux, les feuilles restant attachées.
Ces symptômes sont semblables à ceux causés par d'autres souches de phytophtora mais sont beaucoup plus rapides.
Sur Viburnum, l'infection survient généralement à la base de la tige qui se dessèche et meurt. Les feuilles noircissent et les fleurs peuvent aussi être touchées.
Sur Camelia, Kalmia, Laurus, Syringa et Leucothoe, on a des lésions foliaires à la base ou à la pointe.
Sur lauriers sauces : tâches brunes, halos jaunes et mort des pointes de feuilles.
Moyens de lutte
Lorsque des plantes atteintes ont été découvertes, celles-ci sont arrachées et détruites. Les sols sont désinfectés et les plantes sensibles dans un rayon de 10 mètres autour de la plante atteinte sont mises en quarantaine pendant 3 mois.
Pour l'instant, il n'existe pas de produit homologué.