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NON, l'AdBlue n'est pas un désherbant écologique !

Elle fait tristement fureur sur internet auprès des jardiniers amateurs et pourtant l’astuce qui prétend que l’AdBlue peut être utilisé comme désherbant « écologique » n’a jamais été prouvée scientifiquement. Pire encore : elle est interdite par la loi !


Qu’est-ce que l’AdBlue ?


L’AdBlue est une solution composée d’eau déminéralisée (67.5%) et d’urée (32.5%), utilisée pour le fonctionnement des filtres à particules des moteurs Diesel. Au moyen d’une réaction chimique produite lorsque le véhicule circule, il permet de réduire l’émission d’oxydes d’azote issus de la combustion dans les moteurs thermiques. Ces gaz, dont certains sont irritants pour les voies respiratoires, contribuent à la formation de l’ozone de basse atmosphère et aux pluies acides qui impactent les végétaux mais sont aussi responsables de l’augmentation des nitrates dans le sol.


Pourquoi l’utiliser comme désherbant est une fausse bonne idée ?


L’urée est une substance active autorisée au niveau européen, notamment en tant que fertilisant. Celle-ci est non classée pour l’environnement ou pour la santé. 
A en croire de nombreuses ressources en ligne, à l’expertise discutable, la forte teneur en azote de l’AdBlue en ferait un désherbant « naturel, écologique » efficace. Il n’existe cependant aucune étude scientifique fondée et approuvée permettant de vérifier cette hypothèse. Le site ephy-anses, site officiel référençant l’ensemble des substances actives et spécialités commerciales autorisées pour un usage phytosanitaire, ne fait état d’aucune autorisation d’usage pour l’AdBlue en tant que spécialité commerciale pour le désherbage.

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Bien que l’urée soit reconnue comme substance active approuvée à l’échelle européenne, il n’existe par ailleurs pas de spécialité commerciale actuellement autorisée la contenant.

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Il s’agit clairement d’un détournement d’usage, au même titre que ceux qui préconisent l’usage d’essence, de lessive, de sel ou d’autres types de détergents à usage ménager pour se débarrasser des herbes indésirables !
L’usage de l’AdBlue comme désherbant, au-delà d’être illégal, implique des considérations environnementales qui nécessitent d’être évaluées scientifiquement. En effet, l’urée étant un composé azoté, son usage peut entraîner des effets indésirables sur la qualité de l’eau (donc l’eau potable) et sur la micro-faune présente dans le sol.


Que dit la loi ?


En France, l’usage des produits phytosanitaire est strictement réglementé et répond au principe de base suivant : tout usage non autorisé est interdit.
Chaque produit phytosanitaire doit disposer d’un numéro d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), obtenu suite à une procédure stricte permettant de d’évaluer les risques et dangers propres à chaque substance active et chaque spécialité commerciale afin d’en encadrer l’usage, ceci dans le but de protéger : 
-    La santé de l’utilisateur 
-    La santé du consommateur
-    L’environnement
L’usage détourné de l’AdBlue peut être puni par la loi comme le rappelle l’Article L253-17 du Code rural et de la pêche maritime :
« Est puni de six mois d'emprisonnement et d'une amende de 150 000 €, dont le montant peut être porté, de manière proportionnée aux avantages tirés du manquement, à 10 % du chiffre d'affaires moyen annuel, calculé sur les trois derniers chiffres d'affaires annuels connus à la date des faits :
1° Le fait de procéder sans permis à des essais ou expérimentations d'un produit phytopharmaceutique soumis à l'obligation de détention du permis d'expérimentation, conformément aux dispositions de l'article 54 du règlement (CE) n° 1107/2009 ; 
2° Le fait d'utiliser ou de détenir en vue de l'application un produit visé à l'article L. 253-1 s'il ne bénéficie pas d'une autorisation ou d'un permis de commerce parallèle ; »

 

Mais alors que faire pour gérer les adventices en respectant l’environnement, la santé… et la réglementation ?

   

En tant que particulier, il existe de nombreuses solutions, écologiques, pratiques, et même parfois économiques pour gérer la flore indésirable au jardin.
Des techniques curatives existent pour se débarrasser des adventices. Bien qu’elles aient parfois mauvaise presse, comme le désherbage manuel (à l’aide de binettes, couteaux désherbeurs, etc.), elles s’avèrent efficaces ! En jardinerie, des vendeurs qualifiés, formés et compétents sont disponibles pour vendre aux particuliers des produits de biocontrôle, à faibles risques ou encore des substances de bases autorisés pour un usage amateur. 
Mais avant d’envisager ces méthodes, il est important de rappeler que plusieurs solutions préventives peuvent permettre d’agir en amont, afin de limiter la pousse des adventices comme la mise en place de plantes couvre-sol ou encore l’utilisation de paillages (qui peuvent être issus de la réutilisation des déchets verts comme des broyats de branches par exemple). On portera également une attention particulière au fait de ne pas laisser de terre nue, parfois propice au développement de la flore indésirable.





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Sources : 
https://www.atmo-grandest.eu/cycle-de-lair-et-suivi-des-polluants#:~:text=Les%20oxydes%20d'azote%20sont,(100%20%C3%A0%20200%20m%C3%A8tres).
https://www.ad-blue.fr/adblue-c-est-quoi 
https://echa.europa.eu/substance-information/-/substanceinfo/100.000.286 
https://ephy.anses.fr/ 
https://www.eaufrance.fr/les-substances-polluantes-des-milieux-aquatiques 
https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/les-nitrates-dans-lenvironnement/ 
https://agriculture.gouv.fr/la-reglementation-des-produits-phytosanitaires 
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006071367/LEGISCTA000024366026/