Le projet ICIBA (Intérêts de Cultures Innovantes de Blé Associé) a émergé en 2020 en région Centre-Val de Loire en réponse à un appel à projet FranceAgriMer. D’une durée de trois ans (2020-2023), il a été piloté par la Chambre Régionale d’Agriculture, en partenariat avec la FDGEDA du Cher, les Chambres d’Agriculture de l’Indre et du Loiret, la SCAEL, FREDON Centre-Val de Loire, le laboratoire d’EcoEntomologie d’Orléans et l’Institut Agro d’Angers.
Sommaire
Genèse du projet
Le projet a émergé suite à l’interdiction des traitements de semences à base de néonicotinoïdes en septembre 2018, ce qui a posé des défis significatifs pour la gestion des insectes d'automne sur les cultures céréalières. Depuis lors, la gestion de ces ravageurs repose sur des applications insecticides répétées en cours de végétation, qui offrent une efficacité limitée dans le temps. Or, les pucerons d'automne et les cicadelles posent un problème majeur en raison des viroses qu'ils transmettent, entraînant des dégâts considérables sur les cultures de blé. Pour répondre à cette situation, le projet a permis d'évaluer une méthode alternative : associer le blé à des plantes compagnes dès l'automne, afin de réduire la dépendance aux insecticides tout en préservant la santé et la productivité des cultures.
Objectifs
Le projet ICIBA a permis d’expérimenter, pensant 3 ans, des cultures de blé associé, à l’automne, à des plantes compagnes (féverole, pois, vesce…).
Les objectifs étaient :
D’évaluer la faisabilité technique et économique de cette pratique (-> rendement),
D’étudier les effets de cette pratique sur les pucerons, cicadelles et viroses qu’ils transmettent (jaunisse nanisante de l’orge, maladie des pieds chétifs),
D’étudier les effets de cette pratique sur les auxiliaires de cultures pouvant permettre une régulation de ces ravageurs (hyménoptères parasitoïdes, syrphes, coccinelles, chrysopes, punaises prédatrices, carabes, staphylins, araignées, opilions…).
Expérimentations mises en place
Les expérimentations ont été conduites sur des parcelles situées dans quatre départements (Cher, Eure-et-Loir, Indre, Loiret).
Lors de la première année, des essais en microparcelles ont été réalisés pour tester neuf modalités d’associations (huit plantes compagnes et un témoin blé seul), répétées trois fois. Ces essais en blocs de microparcelles ont permis de sélectionner trois espèces de plantes compagnes à tester durant les deuxième et troisième années du projet : la féverole, la vesce commune et le pois de printemps. Ces espèces ont été choisies pour leur capacité à se développer malgré des conditions sèches au moment des semis, leur tolérance aux herbicides, leur production de nectar, ainsi que la facilité d'accès à leurs semences.
La féverole, la vesce commune et le pois de printemps ont ensuite été implantés en grandes bandes (20 m x 60 m minimum) la deuxième et troisième année du projet (ainsi qu’en première année pour la féverole). Ces essais ont permis mesurer les effets des plantes compagnes sur les ravageurs d’automne et les auxiliaires permettant de les réguler. Sur les trois années, 25 essais en bandes ont été suivis.
Résultats obtenus
D’un point de vue agronomique, la pratique a souvent pénalisé le rendement du blé, sans affecter sa qualité. Aucun impact significatif sur les viroses n'a été observé, bien que celles-ci aient été peu présentes. En revanche, les cultures associées ont souvent permis de limiter les vols de pucerons et cicadelles, et ont favorisé certains auxiliaires tels que les opilions. Parmi les espèces de couverts étudiées, la féverole semble présenter plus d’intérêt par rapport aux autres : sa rusticité lui permet de mieux résister aux dégâts de ravageurs ainsi qu’aux herbicides, et d’avoir une meilleure levée.
La variabilité des résultats entre les sites et la faible pression des pucerons pendant le projet ne permettent pas de tirer de conclusions fermes, mais les résultats concernant les insectes d’automne sont encourageants. Toutefois, la faisabilité de cette pratique pour les agriculteurs reste limitée par plusieurs freins : la nécessité d'un semoir à semis direct, les difficultés liées à la gestion du désherbage, et la levée des couverts souvent problématique en période estivale.