L'est républicain
26 juil. 2020 à 20:00
C’est un combat de chaque instant. Avec « une petite victoire » : la lutte contre l’ambroisie commence à payer selon ce responsable du pôle santé du végétal à la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) de Bourgogne Franche-Comté.
La camionnette blanche de la Fredon s’arrête le long d’un champ, non loin de Tavaux (39). Laurent Rebillard et sa collègue Rebecca Invernizzi en sortent des jalons blancs. Ils les piquent le long du chemin, près d’une culture de chanvre. « Signalement ambroisie », peut-on lire dessus. C’est une partie du travail des agents de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles.
Un travail presque « sans fin » pour lutter contre cette plante originaire d’Amérique du Nord, très allergisante. Mais Laurent Rebillard souligne « une petite victoire » : « C’est la première année en 10 ans de lutte que l’on voit les surfaces régresser. Dans certaines parcelles agricoles, il y a eu des infestations par le passé, et maintenant il n’y en a plus ». Le fruit d’une « lutte collective » bien installée dans le Jura, « grâce aux partenariats avec les communautés de communes ».
Une lutte obligatoire par arrêté préfectoral
Ce champ, le responsable du pôle santé des végétaux à la Fredon ne l’a pas choisi par hasard. La présence d’ambroisie a déjà été signalée par le passé. Les fanions servent à alerter l’ayant droit, qui doit ensuite contacter le référent communal ou intercommunal, et œuvrer pour faire disparaître la plante. Une lutte « obligatoire » par arrêté préfectoral. Dans le Jura mais aussi dans les autres départements francs-comtois.
L’obligation ne concerne pas seulement les terrains agricoles. Exemple avec le BTP. « On en trouve par exemple sur les nouveaux chantiers à Besançon », souligne Laurent Rebillard. Bien loin du Jura, le département le plus touché, puisque la plante « remonte » d’Auvergne Rhône-Alpes, la région la plus touchée.
« Quand on sait que la plante peut être viable 10, 20, 50 ans… il y en a le long des routes comme là. Une graine peut se mettre dans le pneu et être relâché à des centaines de kilomètres », explique-t-il. Alors, un travail a été engagé avec la fédération régionale des travaux publics pour éditer un guide ambroisie, et que tous les corps de métier du BTP prennent en compte ce risque, « de l’appel d’offres à la livraison ». D’où aussi une sensibilisation des notaires pour, dans le neuf comme dans l’ancien, prendre en compte le risque ambroisie.
Une menace pour la biodiversité
Maîtriser la prolifération de l’ambroisie « est une question de santé publique », rappelle Laurent Rebillard, qui souligne les financements de l’Agence régionale de santé dans cette lutte. Plus la plante est présente sur le territoire et plus le nombre de personnes allergiques risque d’augmenter. « Si on atteint les infestations comme en Auvergne Rhône-Alpes, ça nous coûterait 14 millions d’euros par an en dépense de santé », ajoute-t-il.
« C’est aussi une plante concurrentielle » qui menace la biodiversité. Elle pousse très bien sur les terrains vagues, mais elle réussit également à prendre la place d’autres espèces. La menace est aussi dans les cultures : « Là, si l’agriculteur met un engin de récolte après le 15 septembre, quand les graines mûrissent et tombent au sol, il peut en mettre sur son exploitation, sur la route, etc. Après, c’est une dissémination exponentielle ».
Alors, comme « toute plante qu’on a évité de faire grainer est une victoire », Rebecca Invernizzi sort une débroussailleuse pour couper l’ambroisie en bord de chemin. Pour les plants dans le champ ? « C’est à l’ayant droit de s’en charger. » Certains le font et participent de ces petites victoires.
Repérer, prévenir et traiter
C’est un combat qui se fait dans le monde entier. En témoigne la Journée internationale de l’ambroisie, qui a lieu tous les 20 juin. Lutter contre le développement de cette plante très allergisante mobilise notamment les Agences régionales de santé, les mairies concernées, et les préfectures, qui prennent des arrêtés par département en définissant des plans d’action. Les professionnels comme les agriculteurs ou les entreprises de chantier sont aussi mis à contribution car l’ambroisie aime les grands espaces et les friches.
Empêcher son développement
Il n’est pas rare d’en trouver aussi chez des particuliers. Il convient déjà de prévenir son apparition, en paillant le sol par exemple lors de l’aménagement de son jardin. Et comme l’ambroisie aime les sols nus, ne pas retourner la terre est aussi une solution et la permaculture est donc bien adaptée.
Signaler
Si ce n’est pas suffisant et que la plante arrive quand même, il convient de savoir la repérer. Un tour sur le site du Conservatoire botanique national de Franche-Comté peut aider. Il existe aussi une plateforme de signalement qui permet de cartographier.
Éliminer les plants
Si elle pousse dans les allées, un désherbeur thermique s’impose. Ou alors, pour les plants dans le jardin, l’arracher et ne pas la mettre dans le compost mais la laisser brûler au soleil pour éviter qu’elle ne repousse.
N.E.-P.