Les chenilles processionnaires du pin

La chenille de processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa Schiff) est un ravageur commun des conifères présent dans de très nombreuses régions en France. En région Centre-Val de Loire, tous les départements sont concernés. L’augmentation de son effectif, notamment dans les zones habitées inquiète bon nombre de particuliers et de collectivités territoriales. Outre l’aspect inesthétique lié à la présence des nids, les chenilles de processionnaires sont responsables d’accidents allergiques graves chez l’homme et les animaux, liés aux soies urticantes qu’elles libèrent dans le milieu.

Sommaire

 

Caractéristiques biologiques des chenilles de processionnaires du pin

La chenille de processionnaire du pin, forme larvaire du papillon de nuit Thaumetopoea pityocampa Schiff, est un ravageur important des pineraies d’Europe du Sud. Elle s’attaque à de nombreuses espèces de pins (pin noir d’Autriche, laricio de Corse, Salzman, maritime, sylvestre, pin d’Alep, etc…) et dans une moindre mesure aux cèdres.

Cycle de la processionnaire du pin

Les papillons apparaissent au cours de l’été, de mi-juin à fin août suivant les années et les régions. Leur durée de vie excède rarement 24 heures.

Pour pondre, les femelles peuvent parcourir quelques kilomètres. Généralement, elles privilégient les silhouettes d’arbres se découpant sur fond clair. Ainsi, elles choisissent de préférence des lisières de massifs et des arbres isolés.

Les jeunes chenilles éclosent un mois à un mois et demi après la ponte, de fin juillet à fin septembre selon les régions. Elles vivent regroupées en colonies et se nourrissent du limbe des aiguilles, de préférence la nuit lorsqu’il ne gèle pas.

Les 5 stades larvaires (crédit photo : Guy de Molin, INRA)

Les 5 stades larvaires (crédit photo : Guy de Molin, INRA)

La chenille évolue en passant par 5 stades larvaires successifs. Longue de 3 mm à peine et jaune-vert au premier stade, elle atteint au dernier stade près de 5 cm. Elle est alors de couleur brun-roux avec des soies latérales blanches. Son développement dure entre 4 à 8 mois.

Dès les premiers froids, généralement à la fin du 3ème stade, elles confectionnent leur nid d’hiver, après avoir cherché la position la mieux exposée au soleil.

Au 5ème stade, les chenilles quittent l’arbre en formant de véritables processions, descendant de la cime des arbres le long des branches et du tronc à la recherche d’un endroit au sol suffisamment chaud et meuble pour s’enfouir à quelques centimètres de profondeur (5 à 20 cm). Selon les régions et l’ensoleillement, l’époque de la procession varie, se situant généralement entre décembre et avril. Une fois enterrée, la chenille se transforme en chrysalide marquant le début de la diapause qui durera en général jusqu’à un mois avant la date localement favorable pour la sortie des adultes (environ mi-mai). Cependant, en cas de températures trop basses ou trop élevées au moment de la morphogenèse, la diapause peut durer plusieurs années (2 à 4 ans).

Nid de chenilles de processionnaires du pin (gauche) et procession de chenilles (droite)

Dégâts et nuisances

Dégâts engendrés sur les arbres

La chenille de processionnaire du pin est responsable de dégâts sur les boisements de pins en forêt. En effet, la consommation du feuillage peut être particulièrement sévère en hiver et au printemps si les populations sont importantes, occasionnant une défoliation massive et un préjudice important surtout aux jeunes boisements.

Conséquences sur les Hommes et les animaux

En zone d’habitation, la présence des nids sur les pins des jardins de particuliers ou des lieux publics (écoles, parcs, stades, …) est responsable d’affections graves chez l’homme et chez les animaux, liés au caractère urticant des soies des chenilles.

Dès le 3ème stade, les chenilles portent des minuscules poils urticants qui se libèrent lorsqu’elles se sentent agressées. Ces poils restent en suspension dans l’air ambiant. Ils demeurent virulents plusieurs mois après la disparition des chenilles, notamment dans les nids qu’elles ont occupés.

Apparition de plaques rouges (crédit photo: Daniel Ullrich)

Apparition de plaques rouges (crédit photo: Daniel Ullrich)

Chez l’Homme, le contact avec les chenilles ou avec les poils urticants disséminés par le vent est responsable d’accidents plus ou moins graves suivant la sensibilité des individus :

• Sur la peau : apparition de plaques rouges avec ou sans cloques, accompagnées de démangeaisons intenses ou de sensations de brûlure qui peuvent durer quelques heures à quelques jours. Les lésions se situent surtout aux endroits de frottement avec le vêtement (jambes, cou, poignets) et peuvent être particulièrement graves lors de contact direct avec les chenilles.

• Au niveau des yeux : paupières rouges et enflées. Quand les poils urticants pénètrent dans l’œil, ils peuvent causer des accidents graves allant jusqu’à la cécité.

• Dans les bronches : allergies violentes chez les personnes présentant des difficultés respiratoires.

Si ces symptômes persistent, la consultation d'un médecin est vivement recommandée.

Les animaux domestiques, comme les chiens ou les chevaux sont les plus vulnérables surtout à l’époque des processions où les chenilles sont directement accessibles. Les poils urticants provoquent chez ces animaux des nécroses allant jusqu’à la perte de la langue.

Méthodes de lutte

La lutte contre la chenille de processionnaire du pin ne permet pas d’éviter une nouvelle infestation, mais consiste uniquement à protéger les peuplements de jeunes arbres les plus sensibles et à limiter localement les populations à un taux compatible avec la présence humaine. 

 

  • Échenillage : Lors d’attaques ponctuelles sur des arbres de faible taille ou facilement accessibles, il est possible de récolter les nids, ou de couper les rameaux porteurs à l’aide d’un sécateur ou d’un échenilloir en se protégeant suffisamment. Les pré-nids récoltés (de mi-septembre à fin octobre) seront brûlés, jetés aux ordures ou mieux déposés loin de tout arbre directement au sol dans un endroit dégagé et à bonne distance des pins (500 m) pour permettre l’action et la survie des prédateurs naturels. Pour les nids d’hiver (novembre à février), les chenilles portant à ce stade des poils urticants, il est indispensable de se protéger au maximum à l’aide de vêtements étanches, foulard autour du cou, masque de type apiculteur et gants hermétiques. Les nids seront ensuite incinérés afin de détruire les poils urticants.

 

  • Eco-pièges : Pour protéger un jardin ou un parc, ne contenant que quelques pins, contre les risques d’urtication lors des processions, il est possible d’installer des « éco-pièges ». L’éco-piège a pour objectif de collecter les chenilles avant qu’elles n’atteignent le sol, dans un sac rempli de terre. Le sac peut être retiré à partir du mois de mai. Pour le détruire, deux possibilités : soit l’incinérer dans un contenant fermé, soit le suremballer dans un sac poubelle et le jeter aux ordures ménagères.

ATTENTION: ne pas jeter en déchetterie !


 

 
Ecopiege (crédit photo: FREDON CVL)


 

  • Pièges à phéromones : Afin de réduire l’apparition de nid dans les arbres, un piège à phéromones peut être utilisé. Il a pour objectif d’attirer les papillons mâles grâce à une phéromone de synthèse imitant celle libérée par les femelles. Cette solution écologique permet de limiter les accouplements et donc la production d’œufs. Cette méthode est conseillée en complément de l’éco-piège.

 

  • Pulvérisation : Lors d’attaques plus importantes, sur des arbres de grande taille ou difficilement accessibles, il est possible d'appliquer sur les arbres infestés une bactérie : le Bacillus thuringiensis var. kurstaki (BTk). Le BTk est homologué comme produit phytopharmaceutique et nécessite des conditions d'application particulières. Pour une meilleure efficacité, le produit est appliqué sur les jeunes chenilles (septembre-octobre), permettant ainsi d'éviter la production de soies urticantes. Le BTk impacte également les lépidoptères non cibles.

 

Prestations proposées

Fredon Centre Val de Loire propose différentes prestations pour les collectivités, les professionnels et les particuliers :

  •     Une formation (biologie de l’espèce, réglementation, méthodes de lutte, protection des personnes)
  •     La mise en place d’un plan de gestion pour les collectivités et les structures privées.

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Podcast Fredonnons la Nature - Chenilles processionnaires : des larves un poil urticantes