Les termites : reconnaissance, règlementation et moyens de lutte


Les termites : reconnaissance, règlementation et moyens de lutte

Sommaire

 

Description morphologique

Les termites sont des insectes sociaux. La colonie est organisée en castes, dont les représentants montrent une morphologie différenciée :

  • Les ouvriers, dépourvus d’ailes, aveugles, blanchâtres, de 4 à 6 mm de long environ, composent la plus grande partie de la population. Ils pourvoient aux besoins vitaux de la colonie : alimentation des autres castes, construction, soins aux larves … Ils consomment et digèrent la cellulose, qu’ils sont capables de régurgiter pour la distribuer aux autres membres de la colonie. Ils sont donc responsables des dégâts sur les bâtiments.
  • Les soldats, également blanchâtres, sans ailes et à grosse tête pourvue de fortes mandibules, mesurent environ 8 mm de long. Ils ont en charge la défense de la termitière. Leur tête hypertrophiée ne leur permet pas de s’alimenter par eux-mêmes, ils sont nourris par les ouvriers.
  • Les reproducteurs sexués sont à l’origine des insectes ailés (imagos), de couleur noire. Leurs longues ailes tombent après l’essaimage. Ils sont alors reconnaissables par la coloration foncée de leur tégument.

 

Termites ouvriers et termite soldat (Reticulitermes flavipes) (photo : FREDON CVL)

 

Il n’y a qu’un couple d’individus sexués par colonie : le roi et la reine. Mais en cas de mortalité du couple reproducteur ou de l’isolement accidentel d’une partie des ouvriers (bouturage de la colonie), le couple reproducteur peut être remplacé par des termites « néoténiques », mâles et femelles dits sexués de remplacement. Ces individus ont la même morphologie que les ouvriers mais ils s’en distinguent par une légère pigmentation sur la tête et le thorax et par un abdomen plus important.

Biologie des termites

Les termites du genre Reticulitermes sont souterrains. Cette particularité est dictée par leur besoin en eau qui est constant. C’est pour cette raison que leur présence est observée généralement dans les régions humides, dans les agglomérations situées à proximité d’un cours d’eau ou dans des endroits où la nappe phréatique est à faible profondeur. Si l’eau est indispensable, les quantités nécessaires peuvent être relativement faibles. Ainsi, la condensation produite sur un tuyau d’eau, de même que l’eau de pluie qui s’infiltre dans un mur peut fournir une source d’humidification suffisante.
Les termites ont également besoin d’une température élevée fournie par le climat ou artificiellement par le chauffage des habitations.

La colonie est généralement située dans le sol. À partir de la termitière, où résident le roi et la reine, les jeunes larves, les nymphes et les soldats, les ouvriers rayonnent à la recherche de cellulose dans un réseau de galeries très développé, où ils circulent à l’abri de la lumière dans un va-et-vient incessant. Au cours de cette recherche de nourriture, le termite peut dégrader de nombreux matériaux dont il ne se nourrit pas. Il creuse ainsi des galeries dans le sol ou dans des matériaux tendres tels que le bois, les matières plastiques, le plâtre. Ces galeries peuvent également être construites à la surface des matériaux trop durs comme le béton, le ciment ou la pierre, avec un mélange de terre, de particules de bois et de secrétions. Elles forment alors un réseau de petits cordons ou cordonnets courant sur les murs.

La pénétration des termites dans un bâtiment se fait préférentiellement par les joints d’étanchéité et de dilatation, les fissures, les canalisations, les gaines électriques ainsi que par les vides sanitaires.

Il existe trois modes d’infestation :

  • Par essaimage (ce mode de propagation semblerait être marginal pour les termites urbains) : les reproducteurs ailés quittent la colonie mère et recherchent des sites propices à l’implantation de nouvelles colonies. Les termites n’étant pas de bons voiliers, les distances parcourues ne dépassent pas quelques dizaines de mètres. Ils tombent alors sur le sol puis perdent leurs ailes.
  • Par bouturage : lorsqu’un groupe d’individus se trouve isolé de la colonie mère par une grande distance ou par une cause accidentelle (transport de matériaux infestés). Pour la reproduction, les « néoténiques » prennent la place des sexués et deviennent fertiles.

Modes de prolifération des termites (Schéma : Préfecture d'Indre-et-Loire)

Indices de présence des termites

Les termites sont des insectes xylophages : ils se nourrissent de cellulose trouvée dans le bois, le papier, les tissus. Les termites sont ainsi capables de s’attaquer aux éléments de structure en bois et aux menuiseries (plinthes, huisseries, linteaux, doubles cloisons, planchers, charpentes, …), mais aussi aux archives, aux bibliothèques ou aux tableaux.

Les termites redoutant toute exposition à l’air qui entraînerait leur dessèchement, circulent et travaillent toujours à couvert, ce qui rend leur détection très difficile.

Termites circulant sous l’écorce d’un tronc d’arbre mort (Photo : FREDON CVL)

Leur présence peut donc être décelée :

  • Par des cordonnets, généralement verticaux, observés notamment dans les sous-sols où le matériau est brut (voir photo ci-dessous).
  • Dans le bois par sondage avec un outil pointu, notamment dans les huisseries, les plinthes, les encastrements de pièces de bois dans les murs. Dans le bois, le termite creuse des lacunes vides de vermoulure, tout en respectant une pellicule de surface. Il se nourrit généralement du bois de printemps (tendre) respectant le bois d’été, ce qui donne aux dégâts un aspect feuilleté caractéristique (voir photo ci-dessous).
  • Par des petits trous de 2 mm environ, noirs, visibles sur les plâtres des plafonds ou des murs lorsqu’ils ne sont pas tapissés. Ils constituent des cheminées d’aération.

Les termites peuvent également s’attaquer à des végétaux et en particulier aux arbres d’alignement en zones urbaines ou aux arbres d’agrément dans les parcs et jardins.

Aspect feuilleté d'une attaque de termites sur poutre (gauche et centre) et cordonnet sur un linteau de fenêtre (droite) (Photos: FREDON CVL)

Contexte règlementaire

Vu l’ampleur des risques dans les habitats, une loi « Termites » a vu le jour en 1999. Plusieurs articles de la loi n°99-471 du 8 juin 1999 ont été abrogés par la loi du 13 juillet 2006 pour modifier le Code de la Construction et de l’Habitat.

Les conséquences qui découlent de l’application de cette règlementation sont multiples :

  • Déclaration obligatoire des foyers d’infestation par les propriétaires, les occupants ou les syndicats de propriétaires.
  • Mise en place d’actions de prévention :
    • Délimitation, par arrêté préfectoral sous proposition du Conseil municipal, des zones termitées ou susceptibles d’être termitées à court terme.
    • Interdiction de sortir des éléments de bois, des gravats et terres hors des zones délimitées par arrêté préfectoral sans traitement préalable,
    • Accompagnement des ventes immobilières par un diagnostic parasitaire,
    • Mise en place d’un dispositif de protection de l’interface sol/bâtiment (dispositif de construction contrôlable, barrière physique ou barrière physico-chimique).
  • Pouvoir d’injonction du maire auprès des propriétaires, dans la zone délimitée:
    • Obligation de rechercher la présence de termites,
    • Obligation de mise en œuvre des travaux préventifs et des travaux d’éradication.

Pour plus d’informations, consulter le site de la préfecture d’Indre-et-Loire

Méthodes de lutte

Mesures préventives

Dans un premier temps, il est indispensable d’éliminer tous les facteurs favorables aux termites :

  • supprimer les fuites ou infiltrations d’eau,
  • reboucher toutes les fissures et les espaces autour des canalisations,
  • prévoir une bonne aération des vides sanitaires,
  • éliminer toute source de nourriture à base de cellulose, à proximité ou dans les caves des habitations (tas de bois de chauffage, cartons et livres stockés dans des caves humides, lierre sur les murs extérieurs, …).

 

Mesures curatives

Il existe actuellement deux modes de lutte chimique :

La technique dite par piège-appât : cette méthode consiste à fournir aux termites une nourriture imbibée d’un insecticide à effet retard. Cette nourriture, transmise aux autres individus par les ouvriers nourriciers, va provoquer la mort progressive de l’ensemble de la colonie. Cette technique en ciblant sa proie, utilise de faibles quantités de substance et est donc peu nocive pour l’environnement et les occupants. L’action n’est pas immédiate mais, mise en place suivant les bonnes pratiques, elle aboutira à l’éradication de la colonie.

La technique dite de barrière chimique : elle consiste à effectuer des injections dans le sol, dans les murs et dans les boiseries de substances insecticides qui interrompent la circulation des individus. Les termites en contact avec ces substances sont éliminés. Les termites restés à l’extérieur sont seulement repoussés. La durée d’action des produits est garantie 10 ans dans les boiseries et 5 ans dans les murs. Cette méthode utilise des concentrations importantes de produits injectés localement. Les produits utilisés actuellement sont uniquement des produits chimiques de synthèse présentant des risques de nocivité pour l’environnement et les occupants. Cette technique est de moins en moins utilisée.